Être diagnostiqué avec une longue maladie représente un défi immense, impactant non seulement la santé, mais aussi les finances personnelles. Le remboursement d’un prêt immobilier, engagement financier conséquent, devient alors une source d’inquiétude majeure. Il est essentiel de connaître vos droits, les démarches à entreprendre et les soutiens disponibles pour traverser cette période difficile avec le maximum de sérénité. Plus de 400 000 personnes sont diagnostiquées chaque année en France avec une affection de longue durée (ALD) ( Source : Assurance Maladie ), soulignant l’importance d’une information claire et accessible sur ce sujet crucial.

Nous aborderons en détail les points essentiels, des garanties de votre contrat d’assurance aux aides de la Sécurité Sociale, en passant par les options de renégociation. L’objectif est de fournir une information exhaustive et pratique pour vous permettre de prendre les meilleures décisions possibles face à votre situation.

Décrypter votre contrat d’assurance emprunteur

Lors de la souscription d’un prêt immobilier, l’assurance emprunteur est une étape incontournable. Il est crucial de ne pas la considérer comme une simple formalité et de bien comprendre les garanties qu’elle offre. En cas de longue maladie, c’est votre contrat d’assurance qui pourra prendre en charge, partiellement ou totalement, le remboursement de votre prêt. Une relecture attentive est donc primordiale pour connaître vos droits et les conditions de mise en œuvre des différentes couvertures.

Les garanties clés à examiner

Votre assurance emprunteur propose différentes garanties, chacune couvrant un risque spécifique. Il est impératif d’identifier celles qui sont pertinentes pour votre situation et de comprendre précisément ce qu’elles couvrent. Une attention particulière doit être accordée aux définitions des termes employés et aux exclusions éventuelles. Voici les principales garanties à examiner attentivement :

  • Décès : Cette garantie, incluse dans tous les contrats, prend en charge le remboursement du capital restant dû en cas de décès de l’emprunteur.
  • PTIA (Perte Totale et Irréversible d’Autonomie) : Elle couvre la perte d’autonomie complète et définitive, nécessitant l’assistance d’une tierce personne pour les actes essentiels de la vie courante.
  • ITT (Incapacité Temporaire Totale) : Cette garantie intervient en cas d’arrêt de travail temporaire, suite à une maladie ou un accident. La durée de couverture et la franchise (délai avant le début de la prise en charge) sont des éléments importants à vérifier. La prise en compte des troubles psychologiques peut varier.
  • IP (Invalidité Permanente) : Elle couvre les situations d’invalidité permanente, partielle ou totale, suite à une maladie ou un accident. Le taux d’invalidité est déterminé par un barème médical et détermine le niveau de prise en charge.
  • Garantie « arrêt de travail » étendue : Essentielle en cas de maladie chronique, elle permet d’allonger la durée de couverture au-delà de l’ITT classique.

Prenons l’exemple de Madame Dupont, diagnostiquée avec une sclérose en plaques. Après avoir relu son assurance emprunteur, elle a négocié une extension de sa garantie « arrêt de travail » limitée initialement à 36 mois, afin d’être mieux couverte en cas d’arrêt prolongé.

Exclusions de garanties : points de vigilance

Il est essentiel de prendre connaissance des exclusions de garanties mentionnées dans votre contrat. Ces exclusions peuvent limiter ou annuler la prise en charge de votre prêt en cas de sinistre. Les plus fréquentes concernent les pathologies préexistantes non déclarées, les sports à risque (ski hors-piste, alpinisme…), les guerres et les tentatives de suicide. Environ 8% des refus d’indemnisation sont liés à une fausse déclaration ( Source : Fédération Française de l’Assurance ).

Tableau comparatif des garanties

Le tableau ci-dessous offre une vue d’ensemble des principales garanties de l’assurance emprunteur et de leurs conditions d’activation. Il doit être considéré comme un guide simplifié et ne remplace pas la lecture attentive de votre contrat.

Garantie Description Conditions d’activation Exemple concret
Décès Remboursement du capital restant dû en cas de décès. Certificat de décès. L’emprunteur décède, l’assurance rembourse le capital restant dû.
PTIA Perte totale d’autonomie (besoin d’une tierce personne). Évaluation médicale par un expert désigné. L’emprunteur devient totalement dépendant suite à un accident.
ITT Incapacité temporaire de travail. Arrêt de travail prescrit par un médecin. L’emprunteur est en arrêt de travail après une chirurgie.
IP Invalidité permanente. Évaluation médicale et application du barème. L’emprunteur garde des séquelles après un accident et est invalide à 60%.

Conseils pour la relecture de votre contrat

Voici des questions à se poser lors de la relecture de votre contrat d’assurance emprunteur :

  • Quelles garanties sont incluses ?
  • Quelle est la franchise pour l’ITT ?
  • Quel barème d’invalidité est utilisé pour l’IP ?
  • Quelles sont les exclusions ?
  • Comment déclarer un sinistre ?

Contactez votre assureur pour clarifier les points obscurs. Une bonne compréhension est la première étape pour faire face à une longue maladie.

Les démarches à effectuer dès le diagnostic

Le diagnostic d’une longue maladie peut être un choc. Il est crucial d’agir rapidement pour protéger vos finances, en particulier le remboursement de votre prêt. Informer votre assurance emprunteur est une étape primordiale. Plus vous agirez vite, plus votre dossier sera traité et plus vite vous pourrez bénéficier d’une prise en charge.

Information immédiate de l’assurance

Contactez votre assureur par téléphone dès le diagnostic et confirmez ensuite par lettre recommandée avec accusé de réception. Ce courrier doit comporter un certificat médical détaillé, précisant la nature de la maladie, son évolution et les traitements. Joignez une copie de votre arrêt de travail, vos justificatifs de revenus et votre contrat d’assurance. En moyenne, les assureurs mettent 30 à 60 jours pour traiter un dossier d’ITT.

Respect des délais de déclaration : impératif

Votre contrat mentionne un délai maximal pour déclarer un sinistre. Le non-respect de ce délai peut entraîner le refus de prise en charge. Généralement, le délai est de quelques semaines à quelques mois. Consultez attentivement votre contrat et respectez-le scrupuleusement. L’article L113-2 du Code des Assurances précise les obligations de l’assuré.

Suivi du dossier : conseils pratiques

Suivez régulièrement l’avancement de votre dossier. Contactez votre assureur par téléphone ou par email pour connaître l’état d’avancement de votre demande. Relancez si vous n’avez pas de nouvelles. Conservez tous les échanges avec votre assureur (courriers, emails, coordonnées des interlocuteurs) afin de prouver vos démarches.

  • Envoyez la déclaration par recommandé avec accusé de réception.
  • Conservez une copie des documents.
  • Notez la date, l’heure et le nom de l’interlocuteur lors des appels.
  • Relancez régulièrement l’assureur.

Si refus de l’assurance : les recours

Si votre assureur refuse la prise en charge, vous avez des recours. Vérifiez les motifs du refus, justifiés par votre contrat. Contester ce refus en envoyant une lettre de réclamation. Si la réponse ne vous satisfait pas, saisissez le médiateur des assurances. En dernier recours, intentez une action en justice. Un avocat spécialisé peut être utile. 15% des réclamations concernent les refus liés aux prêts immobiliers.

Modèle de lettre type pour la déclaration

[Votre Nom et Prénom]
[Votre Adresse]
[Votre Numéro de Téléphone]
[Votre Adresse Email]

[Nom de l’Assureur]
[Adresse de l’Assureur]

[Lieu, Date]

Objet : Déclaration de sinistre – Assurance Emprunteur – Numéro de contrat [Votre Numéro de Contrat]

Madame, Monsieur,

Par la présente, je vous informe que j’ai été diagnostiqué(e) le [Date du Diagnostic] avec une [Nom de la Maladie] (ALD). Vous trouverez ci-joint un certificat médical détaillé de mon médecin traitant.

Conformément aux conditions de mon contrat d’assurance emprunteur numéro [Votre Numéro de Contrat], je vous prie de bien vouloir procéder à la prise en charge du remboursement de mon prêt immobilier contracté auprès de [Nom de la Banque] sous le numéro [Numéro du Prêt].

Je vous joins à ce courrier les documents suivants :
* Copie de mon contrat d’assurance emprunteur
* Certificat médical détaillé
* Copie de mon arrêt de travail
* Justificatif de revenus

Je reste à votre disposition pour toute information complémentaire et vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.

[Votre Signature]

Les aides et dispositifs de soutien

En complément de l’assurance emprunteur, de nombreux dispositifs peuvent vous soutenir financièrement en cas de longue maladie. Ces aides proviennent de la Sécurité Sociale, des organismes sociaux, des associations et des MDPH. Il est important de les connaître et d’en faire la demande.

Aides de la sécurité sociale : un pilier

La Sécurité Sociale propose des aides financières, notamment :

  • Indemnités journalières (IJ) : Elles compensent une partie de la perte de revenus en cas d’arrêt de travail. Le montant est calculé en fonction de vos revenus antérieurs, soumis à un plafond. Pour les ALD, les IJ peuvent être versées jusqu’à 3 ans. Le calcul des IJ se base sur 50% du salaire journalier de base, lui-même calculé à partir des salaires bruts des 3 mois précédant l’arrêt de travail.
  • Pension d’invalidité : Elle est versée si votre capacité de travail est réduite d’au moins deux tiers suite à une maladie ou un accident. Le montant dépend de la catégorie d’invalidité (1ère, 2ème ou 3ème) et de vos revenus. La pension peut être cumulée avec des revenus d’activité, dans certaines limites.
  • Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) : Elle est versée aux personnes handicapées avec des ressources limitées. Le montant est forfaitaire et revalorisé chaque année. L’AAH peut être cumulée avec des revenus d’activité, dans certaines limites. En 2024, le montant maximal de l’AAH est de 971,37€ par mois.

Soutien des organismes sociaux et associations

De nombreux organismes proposent des aides financières et un accompagnement en cas de longue maladie :

  • CAF (Caisse d’Allocations Familiales) : Elle peut verser des aides au logement (APL) si vous avez des difficultés à payer votre loyer ou vos mensualités de prêt.
  • Associations d’aide aux malades : Elles proposent un soutien financier, psychologique et des informations juridiques. Certaines aident à constituer vos dossiers.
  • Fonds de Solidarité Logement (FSL) : Il peut accorder des aides pour vos factures d’énergie, d’eau, de téléphone ou pour vos difficultés de logement.

Le rôle essentiel des MDPH

Les MDPH sont des guichets uniques qui vous accueillent et vous conseillent. Elles évaluent vos besoins, vous orientent vers les aides et vous aident à constituer vos dossiers. Elles sont compétentes pour l’attribution de la carte mobilité inclusion (CMI), de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) et de la prestation de compensation du handicap (PCH). Les MDPH sont présentes dans chaque département et sont un interlocuteur privilégié. Environ 3,5 millions de personnes bénéficient de prestations versées par les MDPH ( Source : CNSA ).

Liens utiles

Solutions alternatives pour gérer le remboursement

Si les aides et les garanties d’assurance ne suffisent pas à couvrir vos mensualités, des solutions alternatives existent. Elles peuvent réduire vos mensualités, suspendre les remboursements ou réorganiser vos dettes. Évaluez les avantages et inconvénients avant de décider.

Renégociation du prêt : alléger vos mensualités

La renégociation consiste à obtenir un nouveau prêt avec des conditions plus avantageuses, comme un taux plus bas ou une durée plus longue. C’est une option intéressante si les taux ont baissé depuis votre prêt initial. Environ 20% des emprunteurs renégocient leur prêt au cours de sa durée ( Source : L’Observatoire Crédit Logement/CSA ).

Regroupement de crédits : simplifier vos finances

Le regroupement consiste à rassembler tous vos crédits (prêt immobilier, prêts à la consommation, dettes) en un seul, avec une mensualité unique. Cela simplifie la gestion et peut réduire vos mensualités. Toutefois, cela peut augmenter le coût total en raison de l’allongement de la durée. Comparez les offres avant de choisir.

  • Avantage : Simplification et réduction des mensualités.
  • Inconvénient : Augmentation possible du coût total.

Suspension temporaire des mensualités

Certaines banques proposent de suspendre temporairement vos mensualités. Cela offre un répit temporaire, mais augmente le coût total, car les intérêts continuent de courir pendant la suspension. Renseignez-vous auprès de votre banque.

Vente du bien immobilier : en dernier recours

La vente de votre bien est une solution à envisager en dernier recours, si toutes les autres options ont échoué. Elle permet de rembourser intégralement votre prêt. Cependant, elle a des conséquences émotionnelles et vous oblige à trouver un nouveau logement. Pesez le pour et le contre.

Solution Avantages Inconvénients Impact budgétaire (Exemple)
Renégociation Baisse des mensualités, économies sur le coût total. Frais de dossier, bon profil emprunteur requis. Baisse de la mensualité de 150€, économie de 5000€ sur la durée.
Regroupement Simplification, réduction des mensualités. Augmentation du coût total, frais de dossier. Mensualité unique de 800€ au lieu de 1200€, mais coût total augmenté de 3000€.
Suspension Répit temporaire. Augmentation du coût total, intérêts continuent. Suspension de 6 mois, augmentation du coût total de 1000€.

Avertissement : Faites-vous accompagner par un professionnel (courtier, conseiller financier) pour évaluer la meilleure solution.

Prévention et anticipation : les clés

La meilleure façon de faire face aux difficultés financières liées à une longue maladie est de les anticiper. Une bonne prévention et une planification financière peuvent vous aider.

Choisir une assurance adaptée : protégez-vous

Lors de la souscription, choisissez une assurance adaptée à votre profil et à vos besoins. Comparez les offres, examinez les garanties et soyez vigilant face aux exclusions. N’hésitez pas à négocier et à vous faire accompagner par un courtier. Plus de 60% des emprunteurs ne comparent pas les offres ( Source : Les Échos ). Il est crucial d’avoir une assurance qui couvre les risques liés à votre état de santé.

Déclarer sa santé : en toute transparence

Lors de la souscription, déclarez votre état de santé en toute transparence. Toute fausse déclaration peut entraîner la nullité de votre contrat et le refus de prise en charge. Signalez vos antécédents et fournissez les justificatifs. La transparence est la clé.

Anticiper les risques : une épargne de précaution

Pour anticiper les risques, constituez une épargne de précaution. Cette épargne vous permettra de faire face aux dépenses imprévues et de maintenir votre niveau de vie. Il est aussi conseillé de souscrire une assurance complémentaire santé. Une bonne gestion financière est essentielle.

  • Constituer une épargne de précaution équivalente à 3 à 6 mois de dépenses.
  • Souscrire une assurance complémentaire santé.
  • Établir un budget et suivre vos dépenses.

Un message d’espoir et des ressources

Le remboursement d’un prêt pendant une longue maladie est un défi, mais il est surmontable. En connaissant vos droits, en agissant et en vous faisant accompagner, vous pouvez trouver des solutions. N’oubliez pas que vous n’êtes pas seul et que des ressources existent pour vous soutenir. Restez informé, demandez de l’aide et croyez en votre capacité à surmonter les difficultés. Agir vite et conserver une trace de vos démarches est essentiel.

Relisez votre contrat, contactez votre assureur et renseignez-vous sur les aides. Consultez un courtier ou un conseiller financier. Avec de la persévérance, vous pouvez gérer sereinement votre prêt et vous concentrer sur votre bien-être.

Source : assurance maladie

Source : fédération française de l’assurance

Source : CNSA (caisse nationale de solidarité pour l’autonomie)

Source : L’Observatoire crédit Logement/CSA

Source : les échos